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SOUVENIRS

cette occurrence, il fut convenu entre nous que je réserverais la première représentation de mon Tristan, dont je ruminais alors la conception, pour le théâtre de Karlsruhe : de la sorte, il était à espérer que le grand-duc de Bade, fort bien disposé pour moi, saurait aplanir les obstacles qui, alors encore, s’opposaient à ce que je reparusse sur le territoire de la Confédération germanique sans être molesté. Un peu plus tard, je reçus du jeune Schnorr lui-même une jolie lettre, avec l’assurance presque passionnée de son dévoûment pour moi.

Pour des motifs où subsistait plus d’un point obscur, on déclara finalement impossible la réalisation, alors concertée, de la représentation à Karlsruhe de mon Tristan, achevé pendant l’été de 1859. En ce qui concernait Schnorr lui-même, on m’informa aussi qu’il ne croyait pas pouvoir arriver, en dépit de sa grande abnégation pour moi, à se rendre maître des difficultés présentées par le dernier acte au chanteur du rôle principal. En outre, on me