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SOUVENIRS

moyens dont je n’avais pu disposer, jamais et nulle part, se trouvaient à mes ordres, ici à Paris, d’une façon bien inattendue, et à une époque vraiment où nul effort n’aurait pu me mettre en mesure d’obtenir dans ma patrie une faveur approchant de celle-ci, même de loin. Je l’avoue franchement, cette pensée me remplit d’une ardeur que je n’avais pas connue depuis longtemps, et s’il s’y mêlait quelque amertume, elle n’eut d’autre effet que d’exalter cette ardeur. Je n’eus bientôt plus en tête qu’une pensée unique, la possibilité d’une représentation parfaitement belle, et dans la préoccupation constante et pressante de donner corps à cette possibilité, je me refusai à me laisser influencer par telle ou telle considération : si je réussis à réaliser ce qui me semble possible, me dis-je, que m’importe le Jockey-club et son ballet !

Dès lors, je n’eus plus qu’un souci : l’interprétation. Il n’y avait pas de ténor français, à ce que me déclara le directeur, pour se char-