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LETTRE SUR LE TANNHÆUSER


Je ne m’étais pas trompé : dès mon premier entretien avec le directeur du Grand-Opéra, la première chose en question, la condition la plus essentielle à remplir pour le succès de l’œuvre, fut l’adjonction d’un ballet, et cela au deuxième acte, pas ailleurs. Je ne mis guère longtemps à découvrir le vrai motif d’une pareille exigence : en effet, ayant commencé par déclarer que c’était justement le deuxième acte dont on ne pouvait interrompre la marche par un ballet, dépourvu de toute raison d’être à ce moment-là, j’ajoutai qu’au premier acte, en revanche, le lieu de l’action au début, la cour voluptueuse de Vénus, me semblait très propre à motiver une scène chorégraphique du plus ample caractère, d’autant mieux qu’à cet endroit même, dans ma conception première, la nécessité de la danse m’avait paru s’imposer. J’étais même positivement séduit par l’idée d’avoir à combler cette lacune évidente de ma première partition, et j’esquissai un plan détaillé, d’après lequel