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SOUVENIRS

à ce théâtre même. Qui savait mieux que moi que ce grand théâtre d’opéra avait renoncé depuis longtemps à toute visée d’art sérieux, que des exigences tout autres que celles de la musique dramatique y avaient prévalu, et que l’opéra même n’y servait plus que de prétexte au ballet ? J’affirme qu’à l’occasion des instances réitérées qui me furent adressées, ces dernières années, pour faire jouer une de mes œuvres à Paris, je songeai bien moins à ce qu’on appelle le Grand-Opéra qu’au Théâtre lyrique, plus modeste et par conséquent plus propre à une tentative. J’avais pour cela deux raisons principales : au Théâtre lyrique, il n’y a pas de catégorie particulière du public qui donne le ton ; ensuite grâce à l’exiguïté des ressources, le ballet proprement dit n’y est pas devenu le pivot de toute la machine artistique. — Mais le directeur de ce théâtre, après s’être plusieurs fois arrêté de lui-même à l’idée de monter Tannhæuser, dut y renoncer, faute d’un ténor à la hauteur des difficultés du principal rôle.