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SOUVENIRS

m’ont décidé à aller à Paris plutôt qu’ailleurs. S’il vous plaît donc, je commencerai par là.

Depuis près de dix années, j’avais été privé du réconfortant plaisir d’entendre, même de temps en temps, de bonnes exécutions de mes œuvres dramatiques ; j’éprouvai enfin le besoin de chercher quelque endroit où aller goûter, dans un avenir plus ou moins éloigné, ces émotions vivantes de mon art, qui m’étaient devenues indispensables. Je rêvais pour cela quelque modeste coin de l’Allemagne. Déjà le grand-duc de Bade, avec une bienveillance qui me toucha fort, m’avait accordé l’autorisation de monter et de diriger ma dernière œuvre au théâtre de Karlsruhe ; aussi, dans l’été de 1859, fis-je auprès de lui les plus vives instances pour qu’il laissât se transformer en un établissement définitif dans ses États, un séjour tout d’abord purement temporaire ; sinon il ne me restait plus d’autre parti à prendre que d’aller me fixer à Paris. À l’expression de ce vœu, on me répondit : Impossible !