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SOUVENIRS

non sans émotion, à ce drôle d’homme, et pour mettre le comble à son bonheur, je lui donnai la promesse de méditer tout à loisir ses bienveillants conseils au sujet de la carrière de compositeur dramatique.

Je ne devais plus le revoir. Plus tard, Berlioz me fit part de la mort du maître, qu’il avait assisté fidèlement dans son agonie ; il m’apprit qu’aux approches de sa fin, Spontini s’était regimbé de toutes ses forces contre cette extrémité, et qu’il s’était écrié à maintes reprises : « Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir ! » En guise de consolation, Berlioz lui dit : « Comment pouvez-vous penser mourir, vous, mon maître, qui êtes immortel ! » « Ne faites pas d’esprit ! » lui répliqua le vieillard en colère.

La nouvelle de cette mort me parvint à Zurich : elle m’émut profondément, en dépit des singuliers souvenirs de Dresde. J’écrivis dans la Gazette fédérale un article où j’exposais en termes concis ma manière de voir