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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

ne fallait pour être confirmé dans son sentiment.

L’ami qui l’accompagnait nous raconta plus tard qu’à peine entre avec Spontini dans la tribune presque entièrement vide de l’amphithéâtre, le maître, dès le début du chœur à Bacchus, s’était tourné vers lui : « C’est de la Berliner Sing-Académie, allons-nous-en. » Et ce disant, il entr’ouvrit la porte : un rayon de lumière tomba sur une ombre qu’ils n’avaient pas remarquée auparavant, et qui se cachait, solitaire, derrière une colonne ; notre ami avait reconnu Mendelssohn, et en avait conclu qu’il avait parfaitement entendu le propos de Spontini.

Les jours suivants, nous démêlâmes clairement, à travers les propos exaltés du maître, l’idée arrêtée de se faire inviter par nous à prolonger son séjour à Dresde pour monter la série de ses opéras. Mais déjà Mme Schrœder-Devrient, croyant bien faire, songeait, dans l’intérêt même de Spontini, à empêcher