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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

par ma nièce, Johanna Wagner, alors âgée de dix-sept ans : le jeune éclat de sa beauté virginale était si extraordinaire, que nul artifice ne pouvait parvenir à le dissimuler ; de plus, le charme irrésistible de sa voix, ses heureuses dispositions pour la forte diction dramatique, faisaient naître chez tous les assistants le désir involontaire de lui voir échanger son rôle avec celui de la grande tragédienne.

Ce rapprochement défavorable ne pouvait échapper au coup d’oeil perçant de Mme Devrient ; elle parut se croire obligée, en conséquence, à se maintenir victorieusement dans sa position difficile, en faisant un suprême appel à toutes les ressources de son talent. Ce sentiment la poussa, en maint endroit, à quelque exagération, et l’entraîna même, dans un passage important, à une faute vraiment choquante.

Après le grand trio du troisième acte, Julia, aussitôt que son amant a trouvé le salut dans la fuite, revient, épuisée, mourante, au bord