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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

pétitions, cet homme extraordinaire n’en fascina pas moins musiciens et chanteurs, au point qu’ils se surveillèrent dans leur interprétation avec un soin inaccoutumé. Un des faits les plus frappants de sa direction fut l’énergie avec laquelle il insista pour qu’on fit ressortir les accents rythmiques, et souvent pour qu’on les exagérât ; dans ce but, il avait pris l’habitude, à l’orchestre de Berlin, de désigner la note à accentuer par le mot diese (celle-ci), dont je ne saisis pas tout d’abord le sens ; ce procédé fit surtout la joie de Tischatschek, nature de chanteur positivement éprise du rythme ; lui aussi, en effet, avait l’habitude, aux entrées importantes du chœur, d’enflammer ainsi le zèle des choristes pour la précision toute spéciale de l’attaque, affirmant qu’il suffisait de donner au temps fort un relief convenable, pour que le reste marchât tout seul.

Il se répandait donc peu à peu, dans l’ensemble du personnel, un esprit de sympathie et de condescendance aux désirs de Spontini ;