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SOUVENIRS

« Je dirige, me dit-il en propres termes, simplement du coup d’œil : œil gauche, premiers violons ; œil droit, seconds violons. Or, pour agir avec le regard, il faut laisser de côté les lunettes, même en cas de myopie : et c’est là ce qu’ignorent tant de méchants batteurs de mesure, Pour moi, m’avoua-t-il en confidence, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez, et pourtant, sur un coup d’œil de moi, tout s’accomplit à mon gré. »

Certes, dans sa façon de grouper l’orchestre, il y avait plus d’un détail illogique, et qui tenait uniquement au hasard de ses manies : telle était, tout au moins, son habitude de faire placer les hautboïstes immédiatement derrière lui, habitude qui lui venait d’un orchestre de Paris où la nécessité de s’y prendre ainsi s’était présentée dans quelque circonstance particulière : ces deux instrumentistes se voyaient donc obligés de tourner l’orifice de leur instrument en sens inverse du public,