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SOUVENIRS

qui avait employé si vigoureusement les trombones au cours de sa partition, il leur avait fait justement garder le silence pendant la superbe marche triomphale du premier acte : Est-ce que je n’y ai pas de trombones ? Me répondit-il fort étonné.

Pour toute réponse, je lui montrai la partition gravée. Aussitôt il me pria d’ajouter des parties de trombones à cette marche, de façon à ce qu’on pût déjà les exécuter à la prochaine répétition, autant que possible. Il ajouta : « J’ai entendu dans votre Rienzi un instrument que vous appelez basse-tuba ; je ne veux pas bannir cet instrument de l’orchestre : faites m’en une partie pour la Vestale. »

Je me fis un plaisir de satisfaire au vœu du maître avec discrétion et mesure. Aussi quand à la répétition il entendit pour la première fois l’effet des instruments ajoutés, me lança-t-il un regard de reconnaissance vraiment affectueux. L’impression qu’il garda de ce facile enrichissement de sa partition fut si persistante