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SOUVENIRS

vait que peu de temps à nous consacrer, vu qu’on attendait son arrivée à Paris avec la plus vive impatience. Ce fut là le point d’attache dont je dus m’emparer pour ourdir la trame de la ruse innocente, grâce à laquelle je pourrais dissuader le maître d’accepter définitivement l’invitation à lui adressée.

Nous respirâmes enfin, et nous reprîmes les études. Nous étions arrivés sans encombre à la veille de la répétition générale, quand, sur le midi, une voiture s’arrête devant ma porte, et voici, fièrement drapé dans une longue houppelande bleue, le maître ; lui qui d’ordinaire ne marchait jamais qu’avec la solennité d’un grand d’Espagne, il s’avançait avec une allure passionnée : sans que personne le guidât, il va droit à ma chambre, me met sous le nez mes lettres, et me démontre, d’après cette correspondance, qu’il n’a nullement décliné notre invitation, et qu’il n’a fait, en toute sincérité, que se conformer parfaitement à nos désirs.