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RETOUR À DRESDE DES CENDRES DE WEBER

lodies jaillissaient de ton cœur. « Ah ! si j’étais encore près de vous, mes aimés ! » Ce fut là le dernier soupir avec lequel, là-bas, tu pris congé de nous !..... Si tu fus une âme si chaudement enthousiaste, qui nous blâmerait de te payer de retour avec le même entraînement, d’avoir partagé de tout cœur avec toi cet enthousiasme, de nous être abandonnés volontiers au vœu silencieux, de te posséder encore auprès de nous dans la chère patrie ? Oh ! cet enthousiasme ! il t’a fait, avec une sympathique violence, le bien-aimé de ton peuple ! Il ne fut jamais au monde un musicien plus allemand que toi ! Vers quelque région, dans quelque royaume lointain, éthéré, de l’imagination, que t’emportât ton génie, il restait pourtant enchaîné par mille fibres délicates à ce cœur du peuple allemand, avec lequel il pleura et sourit, comme une âme croyante d’enfant, quand elle écoute attentive les légendes et les contes de son pays. Oui, ce fut cette ingénuité d’enfant qui guida, comme