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PRÉFACE




Richard Wagner a eu ceci contre lui, et l’aura encore, qu’il n’est pas de ceux dont on fasse le tour si vite et si aisément. Dût-on s’étonner, j’affirme, sans l’ombre d’un paradoxe, qu’en France, en Allemagne même, les gens se comptent, qui mesurent tout ce qu’est cet homme, qui embrassent, dans son intime harmonie, l’ensemble des facultés dont se compose ce génie particulier, la multiplicité des traits par où se distingue cette figure originale.

Le disjecti membra poetæ est vrai de Wagner comme d’Orphée. Les uns, purs littérateurs, n’entendant mot à la musique et s’en souciant peu, étudient les poèmes à part. Les autres, musiciens exclusifs, se désintéressent des sujets et de leur mise en œuvre : ils jugent cette musique comme