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RETOUR À DRESDE DES CENDRES DE WEBER

ses effusions, à dissiper tout nuage à mes yeux. Pour moi, il y avait dans ce fait un sens profond : dans mes premières années d’adolescence, ayant été conquis à la musique, avec une passion si exaltée, par l’apparition débordante de vie de Weber, ayant été, ensuite, si douloureusement frappé par la nouvelle de sa mort, maintenant, dans mon âge viril, par cette seconde et dernière inhumation, je venais d’entrer, pour ainsi dire, en contact immédiat et personnel avec lui. D’après la portée de mes relations d’autrefois avec les maîtres vivants de l’art musical, et d’après les expériences que je fis d’eux, on peut présumer à quelle source avaient à se fortifier mes aspirations vers un commerce intime avec les maîtres. Il n’était pas consolant de porter ses regards, du tombeau de Weber, sur ses successeurs vivants ; mais le peu d’espoir laissé par cette perspective ne devait qu’avec le temps se manifester clairement à moi.