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séjour et fit venir sa femme. Le favori de tous deux, le petit chien Peps, fut naturellement de la partie.

Au commencement de l’été, Wagner, qui vivait pour ainsi dire sans musique à Zurich, eut l’occasion de diriger des fragments de ses œuvres dans un grand concert donné au théâtre. Un ami enthousiaste de Wagner, riche négociant originaire du Rhin, auquel d’autres admirateurs s’étaient joints, lui fournit le moyen de rendre cette exécution possible, en faisant entrer dans son orchestre des artistes étrangers. Musiciens et amateurs y mirent toute leur intelligence et toutes leurs forces. Wagner ne savait-il pas faire passer une partie de son âme dans ceux qu’il dirigeait ? Un vieux monsieur, grand amateur de musique, qui maniait l’archet avec une consciencieuse pédanterie, me disait : « Oui, quand celui-là est présent, on devient un autre homme et un autre musicien ! »

Un immense enthousiasme régna à Zurich après ce concert, et la respectueuse admiration que l’on avait pour le génie créateur de Wagner, grandit encore.

C’est alors, qu’à l’occasion d’un festival fédéral donné dans le Valais, on conçut l’ambition de l’acclamer comme juge d’honneur. Mais