Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison s’élève au milieu du jardin, toute simple, mais ayant retenu dans ses lignes quelque chose de la dignité patriarcale et de son origine patricienne. Deux vieux noyers et un haut et noble platane ombragent la cour par laquelle on accède au perron. Une source d’eau vive, aussi pure que fortifiante, jaillissant alors sous deux saules, fait aussi partie des nombreux avantages qu’ofire Mariafeld. Du jardin et de la maison la vue embrasse, par delà le lac, la rive opposée où hameaux et villages s’égrènent dans une riante campagne admirablement cultivée. L’imposante chaîne des Alpes de Glarus ferme au loin l’horizon, vers le sud.

Lorsque je vis pour la première fois ces pics neigeux étinceler d’une lumière rose dans la pourpre du soleil couchant et que, le premier dimanche soir, les sons graves des cloches sonnant sur l’autre rive, montèrent jusqu’à moi avec les voix joyeuses de mes enfants jouant dans le jardin, alors je sentis un lien fort et doux qui m’attirait vers ma nouvelle patrie.

J’ai toujours évité autant quej e l’ai pu, le pêle-mêle des grandes villes, les visites obligatoires et les mille exigences de la vie mondaine aussi superficielle qu’agitée. Les rapports avec Zurich n’étant alors ni aussi faciles ni aussi commodes qu’aujourd’hui, Mariafeld était un lieu tran-