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grandiose et de style pur, comme il aimait à édifier ses œuvres.

Le commencement de cet été fut un temps pénible pour l’Allemagne : la guerre entre la Prusse et l’Autriche était dans l’air et l’on reculait bien moins devant la guerre que devant la pensée d’un combat fratricide, qui devait amener l’unité de l’Allemagne. Wagner fit alors un séjour à Lucerne, Wille alla le voir et trouva chez lui Semper, qui était venu lui soumettre le plan du théâtre projeté. Ces messieurs étaient ensemble lorsque Wille essaya de persuader à Wagner d’employer son influence sur le roi de Bavière pour qu’il gardât la neutralité et proposât son arbitrage aux parties belligérantes. Wagner, alors plein d’antipathie pour Bismarck et la Prusse, s’y refusa et dit qu’il n’avait en politique aucune influence sur le roi, qui, lorsque lui, Wagner, entamait ce sujet, regardait en l’air et se mettait à siffler. — Puis il parla de la sévérité de l’éducation que le roi Max avait fait donner à ses fils, surtout à l’héritier du trône. Semper, qui était présent à cet entretien, l’ébruita et Wille fut attaqué avec violence par un journal catholique de Lucerne.

Je laisse à présent passer quelques années pendant lesquelles la correspondance entre Wagner et Mariafeld sembla assoupie. Beau-