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qu’un moyen de la représenter. La concession que je me suis interdite quant au sujet m’a donc affranchi en même temps de toute concession quant à l’exécution musicale. Et vous pouvez trouver ici, sous la forme la plus précise et la plus exacte, en quoi consiste mon innovation. Elle ne consiste aucunement dans je ne sais quelle révolution arbitraire, toute musicale, dont on s’est avisé de m’imputer l’idée, la tendance, avec ce beau mot « musique de l’avenir. »

Laissez-moi ajouter un mot encore pour conclure. Malgré l’énorme difficulté d’arriver à une traduction poétique de Tannhœuser qui le reproduise parfaitement, je présente avec confiance mon ouvrage au public parisien. Il y a peu d’années encore, je ne me serais décidé à faire ce pas qu’avec hésitation ; je le fais maintenant avec la résolution d’un homme qui porte dans le cœur un dessein d’un tout autre ordre qu’un intérêt de spéculation. Ce changement de dispositions, je le dois, avant tout, à quelques heureuses rencontres que j’ai faites depuis mon dernier établissement à Paris. Une surtout qui m’a rempli dès l’abord de surprise et de joie, c’est vous. Monsieur, vous en qui j’ai trouvé l’accueil d’une vieille et intime connaissance. Sans avoir jamais assisté à la représentation d’un seul de mes opéras en Allemagne, vous étiez depuis longtemps familiarisé, par une lecture attentive, avec mes partitions, et (c’est vous qui me l’avez assuré) satisfait de ce commerce. Cette connaissance avait excité en vous le désir de voir représenter mes ouvrages ; elle vous avait inspiré la pensée que ces représentations pourraient produire sur le public pari-