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dans l’exposition théorique, d’une inépuisable variété. Je voudrais m’expliquer clairement sur toutes les propriétés de la forme mélodique, telle que j’en conçois l’idée ; je voudrais déterminer avec précision ses rapports avec la mélodie d’opéra proprement dite, et quelles extensions elle comporte aussi bien à l’égard de la structure des périodes qu’en ce qui concerne l’harmonie ; mais cela me ferait précisément retomber dans mon malencontreux essai d’autrefois. Je me résous donc à ne signaler au lecteur, non prévenu, que les tendances les plus générales ; car nous voici en réalité très-près du point où ces éclaircissements ne peuvent être complétés que par l’œuvre d’art elle-même.

Ce serait vous tromper beaucoup que de voir dans ces derniers mots une allusion calculée à la représentation prochaine de mon Tannhœuser, Vous connaissez ma partition du Tristan, et bien que je n’aie pas le moins du monde l’idée de la donner pour un modèle idéal, vous m’accorderez pourtant que j’ai fait un plus grand pas du Tannhœuser au Tristan que pour passer de mon premier point de vue, celui de l’opéra moderne, au Tannhœuser. Considérer leséclaircissementsqueje vous adresse comme une préparation à la représentation du Tannhœuser, serait donc concevoir une attente très-erronée à certains égards. S’il m’était réservé de voir accueillir mon Tannhœuser par le public parisien, avec la même faveur qu’en Allemagne, je devrais encore, j’en suis sûr, ce succès, en grande partie, aux analogies très-visibles qui relient cet opéra à ceux de mes devanciers, et parmi ceux-ci je vous signale avant tout Weber. Cependant