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à nouveau par les grands poëtes des périodes cultivées. Dans le mythe, en effet, les relations humaines dépouillent presque complètement leur forme conventionnelle et intelligible seulementà la raison abstraite ; elles montrent ce que la vie a de vraiment humain, d’éternellement compréhensible, et le montrent sous cette forme concrète, exclusive de toute imitation, laquelle donne à tous les vrais mythes leur caractère individuel, que vous reconnaissez au premier coup d’œil. Je consacrai à ces recherches la deuxième partie de mon livre, et elles me conduisirent à cette question : Quelle est la forme la plus parfaite sous laquelle doive être représentée cette matière poétique idéale ?

J’examinais à fond dans une troisième partie ce que comporte la forme sous le rapport technique, et voici l’énoncé du résultat auquel ces recherches aboutissaient. Le développement extraordinairement riche et tout à fait inconnu aux siècles passés qu’a pris la musique à notre époque, permet seul de mettre au jour tout ce dont la forme est capable.

Voilà une proposition grave, et j’en sens trop bien la gravité pour ne pas regretter que ce ne soit pas ici le lieu de me livrer à un examen approfondi d’une pareille thèse. Je l’ai fait, je crois, avec assez d’étendue dans la troisième partie de mon livre, et d’une manière qui suffit au moins à ma conviction.

Si donc j’entreprends ici de vous communiquer en quelques traits mes vues sur cet objet, je réclame de vous en même temps un acte de confiance ; c’est d’admettre que ce que mes paroles peuvent avoir ici de paradoxal