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ADMIRATION DE L’HYDROTHÉRAPIE

de la cour ; ce dernier, obligé de débourser toujours sans jamais rien encaisser, se plaignait d’être un agneau expiatoire. Toutefois ma « victime » veillait avec un soin jaloux à ce que personne ne mît le nez dans ses livres et prétendait sauver ainsi une propriété qui autrement eût été saisie tout de suite, puisque mes biens étaient confisqués. Il m’était plus agréable de m’entretenir de Lohengrin avec mon ami ; il en avait achevé l’arrangement pour piano et les épreuves gravées en étaient déjà corrigées.

Uhlig professait une admiration sans bornes pour l’hydrothérapie et sous ce rapport il exerça une influence durable sur moi. Il me donna à lire sur cette méthode l’ouvrage d’un certain Rausse, qui m’enchanta par ses tendances radicales. Dans leur genre, elles me rappelaient un peu celles de Feuerbach. La négation de toute science médicale avec son empirisme, et la foi dans l’action de la nature, secondée par un usage méthodique de l’eau fortifiante et rafraîchissante, eurent bientôt en moi un adepte passionné. Rausse prétendait qu’un médicament ne peut agir sur l’organisme qu’en tant que poison non assimilé ; il prouvait dans son livre que des gens affaiblis par un trop long usage de remèdes avaient été guéris par le fameux Priesnitz, qui faisait complètement sortir par la peau les poisons contenus dans le corps. Je me rappelai aussitôt les bains sulfureux que j’avais pris le printemps passé avec tant de répugnance et imputai à cette cure, non sans raison peut-être, mon énervement chronique. Je résolus donc de débarrasser mon sang de tous les poisons que j’avais absorbés et de suivre