Page:Wagner - Ma vie, vol. 3, 1850-1864.pdf/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

459
MAUVAISES NOUVELLES DE VIENNE

se contenter de sa pension annuelle et de renoncer à ses droits sur ma personne. Là-dessus, je reçus en réponse le conseil emphatique de songer premièrement à consolider ma réputation et à acquérir du crédit par la composition d’une nouvelle œuvre ; ce serait plus utile que de songer à des démarches excentriques. Dans tous les cas, je ferais bien de briguer la place de maître de chapelle devenue vacante à Darmstadt.

Les nouvelles de Vienne étaient très mauvaises. Tout d’abord Standhartner m’annonça que pour sauver mon mobilier, resté dans mon logement à Penzing, il avait conclu une vente fictive avec un négociant de Vienne. J’en éprouvai une violente irritation, car de cette façon on lésait mon propriétaire, auquel je devais prochainement payer le loyer. Grâce à Mme Wille, je pus envoyer sur-le-champ l’argent de ce terme au baron de Rackowitz ; mais alors, j’appris que Standhartner et Édouard Liszt avaient déjà fait maison nette chez moi. Avec le prix des meubles, ils avaient réglé le loyer et m’avaient coupé ainsi toute possibilité de retour à Vienne. À leur avis, ce retour m’eût été pernicieux. En même temps, Cornélius m’apprenait que Tausig, qui m’avait cautionné pour un de mes billets, était de ce fait empêché de rentrer à Vienne (il était alors en Hongrie). Cette pensée me fut si pénible que je me décidai de retourner moi-même à Vienne à mes risques et périls. J’annonçai ma résolution à mes amis de là-bas. Mais auparavant, je voulus encore essayer de me procurer la somme qu’il me fallait pour offrir une transaction à mes créanciers. Dans ce but, je m’étais adressé à Schott en accompagnant ma demande pressante de reproches