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CONCERT À LŒWENBERG

quand il sortait de ses chambres situées dans l’autre aile. Là, je me sentis à mon aise et repris même un peu d’espoir. Aussitôt, je fis étudier au très supportable orchestre princier les fragments que j’avais choisis dans mes opéras. Le vieillard assistait régulièrement aux répétitions et en témoignait une grande satisfaction. Les repas se prenaient familièrement en commun. Le jour du concert, il y eut une sorte de dîner de gala dans lequel, à ma surprise, je rencontrai Henriette de Bissing, sœur de Mme Wille, que j’avais vue souvent à Mariafeld, près de Zurich. Elle possédait des terres non loin de Lœwenberg et le prince l’avait invitée en bon voisin. Ayant gardé pour moi un attachement enthousiaste, très sensée et spirituelle, elle devint ma société favorite.

Le concert marcha fort bien et le prince me demanda le lendemain de diriger encore, mais pour lui seul, la Symphonie en ut mineur de Beethoven. Mme de Bissing qui était veuve depuis quelque temps, assista également à cette audition et elle me promit de venir à Breslau pour le concert que je devais y donner. Avant mon départ de Lœwenberg, le maître de chapelle Seifriz me remit quatorze cents thalers d’honoraires de la part du prince et m’exprima les regrets de son maître de ne pouvoir se montrer plus généreux envers moi pour le moment. Franchement étonné, car mes expériences ne m’avaient pas accoutumé à d’aussi aimables procédés, je fus heureux d’exprimer ma reconnaissance chaleureuse à ce vaillant prince.

Je partis donc pour Breslau où le maître de chapelle Damrosch, que je connaissais de ma dernière visite à