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LES CONCERTS À PRAGUE (NOVEMBRE 1863)

J’éprouvai un véritable soulagement à me mettre en route pour une tournée de concerts. Je commençai par Prague où j’arrivai dans les premiers jours de novembre 1863, avec l’espoir d’y faire une bonne recette. Malheureusement, cette fois-ci, Henri Porges n’avait pas pu prendre lui-même la chose en main et ses remplaçants, des maîtres d’école fort occupés, n’étaient pas à la hauteur de leur tâche. Comme on n’avait pas osé se risquer à demander des prix aussi élevés que ceux de mon premier concert, les recettes avaient diminué, tandis que les frais augmentaient. Je voulus me rattraper par une deuxième audition qui aurait lieu quelques jours plus tard : mes amis m’en dissuadèrent. Je n’en persistai pas moins et j’acquis la preuve que leurs appréhensions étaient fondées. Cette fois, les entrées couvrirent à peine les dépenses et comme j’avais dû envoyer à Vienne l’argent gagné pour payer les traites que j’y avais laissées, je n’aurais pas été en état d’acquitter ni ma note d’hôtel ni mon billet de chemin de fer si je n’avais accepté l’offre d’un banquier qui jouait au protecteur et qui, ainsi, me tira d’embarras.

Passant par Nuremberg, je continuai donc mon voyage vers Carlsruhe dans une humeur conforme aux événements ; le froid était glacial, les retards continuels et les difficultés innombrables. À Carlsruhe, je me vis tout de suite entouré d’un cercle d’amis attirés par l’annonce de mon entreprise : Richard Pohl, de Baden, qui ne manquait jamais, Mathilde Maier, Mme Betty Schott, femme de mon éditeur, Raff, venu de Wiesbaden avec Émilie Genast, et même Carl Eckert, engagé depuis peu comme maître de chapelle à Stuttgart.