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RETOUR À VIENNE. — (AOÛT 1863)

me servit des glaces, et, du balcon du château, je pus entendre un concert de toutes les fanfares réunies. L’impression générale de mon séjour à Pest fut si réconfortante que je regrettai presque de quitter ces éléments pleins de vie et de jeunesse pour rentrer dans mon silencieux et solitaire asile À mon retour, au commencement d’août, je fis une partie de la route en compagnie de M. de Seebach, l’aimable ambassadeur de Saxe, que j’avais rencontré jadis à Paris. Il se plaignit des pertes considérables qu’il venait de subir dans les terres de Russie appartenant à sa femme ; il en revenait et me dit les difficultés de leur gestion. Pour le rassurer sur mon propre sort, je lui racontai que ma situation s’améliorait, et cela parut lui faire plaisir.

Pourtant, je n’étais guère tranquille quand je regardais l’avenir : les recettes de mes concerts de Budapest avaient été bien modestes et, ce qui pis est, je n’en rapportais que la moitié. Maintenant que je m’étais assuré un domicile que je croyais stable, il s’agissait de me créer d’une façon ou d’une autre des revenus annuels fixes, fussent-ils peu considérables. Je n’avais pas abandonné l’espoir d’obtenir à Pétersbourg la réalisation du plan que j’avais proposé ; d’un autre côté, Réményi, qui se vantait de posséder une grande influence sur les magnats hongrois, avait prétendu que rien ne serait plus facile que de me faire avoir à Budapest une pension régulière dans des conditions analogues à celles dont j’avais parlé à la grande-duchesse Hélène. Et vraiment, peu après mon retour à Penzing, ce Réményi vint me voir, accompagné de son fils adoptif, le jeune Plotenyi, dont la par-