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FRÉDÉRIQUE MEYER ET M. DE GUAITA

pauvre Frédérique Meyer. Elle m’annonça sa guérison et me pria de venir la voir, car elle éprouvait le besoin de s’excuser de tous les ennuis qu’elle m’avait causés. Un voyage à Francfort étant toujours une agréable distraction pour moi, je répondis volontiers à son désn. Je trouvai la convalescente encore bien faible et foxt soucieuse de m’enlever la mauvaise impression que j’avais pu garder d’elle. Elle me parla de M. de Guaita comme d’un père presque trop tendre. Très jeune, elle s’était séparée de sa famille et de sa sœur Louise ; quand, tout isolée, elle était venue à Francfort, elle avait été heureuse d’accepter la protection de M. de Guaita, homme d’âge très mûr déjà. À son grand regret, cette amitié lui avait procuré bien des déboires, surtout de la part de la famille Guaita. On la poursuivait de calomnies qui minaient sa réputation et on l’accusait de vouloir se faire épouser par son protecteur.

Je ne pus m’empêcher de lui avouer que je m’étais aperçu de cette haine et que de plus on disait qu’elle avait reçu sa maison en cadeau. Cette communication mit la convalescente hors d’elle ; elle s’indigna de ces racontars, bien qu’elle les soupçonnât depuis longtemps. Elles était déjà demandé s’il ne vaudrait pas mieux quitter la scène de Francfort. À présent, elle y était fermement résolue. Je ne vis aucun motif de ne pas la croire sur parole. M. de Guaita ne m’avait inspiré de confiance ni par sa personne ni par son incompréhensible conduite, aussi pris-je le parti de cette artiste si douée, victime d’une injustice évidente. Je lui conseillai d’exiger un assez long congé de convalescence et de faire un séjour sur les bords du Rhin.