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MATHILDE MAIER ET SA FAMILLE

vent voir à Mayence une famille amie ; je lui exprimai le désir qu’elle s’arrêtât aussi à Biberich et elle me promit de le faire à l’occasion.

Une grande soirée que donnèrent les Schott à leurs amis de Mayence me procura le plaisir de me lier avec Mathilde Maier. À cause de son « intelligence », m’assura Mme Schott, on l’avait placée à côté de moi à table. Son esprit sérieux et franc, la précision de ses expressions, malgré son dialecte de Mayence, la distinguaient du reste de la société sans qu’elle fît rien de particulier pour cela. J’allai la voir dans sa famille et je connus là une idylle domestique telle que je n’en avais point encore vu. Le père, ancien notaire, était mort en laissant une petite fortune : Mathilde vivait donc avec sa mère, deux tantes et une sœur dans un intérieur modeste, mais soigné ; elle n’avait de soucis que pour son frère, qui apprenait le commerce à Paris. C’était elle qui, avec son bon sens et sa raison, veillait aux intérêts de la famille et réussissait à satisfaire tout le monde. Lorsque j’allais à Mayence, ce qui arrivait presque chaque semaine, j’étais constamment reçu on ne peut mieux par ces dames et chaque fois on me forçait à accepter une petite collation. Comme Mathilde avait de nombreuses relations (elle connaissait entre autres le seul ami de Schopenhauer, un vieux monsieur de Mayence), nous nous rencontrions ailleurs encore, par exemple chez les Raff, à Wiesbaden. Parfois, elle m’accompagnait alors jusque chez moi avec Louise Wagner, une amie plus âgée qu’elle ; ou bien, moi, je la reconduisais jusqu’à Mayence.

À l’approche de la belle saison et sous l’influence des