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JE M’INSTALLE À BIBERICH (FÉVRIER 1862)

aussi, mon poème éveilla la plus grande gaieté. Je regrettai seulement de ne pouvoir décider Cornélius à ne pas repartir dès le lendemain. Il demeura ferme dans sa résolution. Venu à Mayence uniquement pour entendre une lecture des Maîtres chanteurs, il voulait garder à son voyage son caractère extraordinaire, et il s’en retourna à Vienne, malgré la débâcle des glaces et des inondations.

Ainsi que c’était convenu, Schott et moi, nous nous mîmes donc à la recherche d’un logis qui pût me convenir. Sur l’autre rive du Rhin, nous avions spécialement Biberich en vue : nous n’y trouvâmes rien à mon goût, et c’est pourquoi nous songeâmes à Wiesbaden. Enfin, je me décidai pourtant à descendre provisoirement à l’« Hôtel d’Europe » à Biberich. D’ici, j’irais en reconnaissance dans les environs. Ce qu’il me fallait avant tout, c’était une demeure solitaire où l’on n’entendît aucun bruit de musique. Je la découvris dans une grande maison récemment bâtie au bord du Rhin par l’architecte Frickhœfer ; le logis était fort petit, mais il répondait à mon désir. Pour y entrer, je dus attendre l’arrivée de mon mobilier. Quand il fut là, on le remisa, non sans peines et dépenses, sous le hangar de la douane à Biberich et je n’en pris que ce que je jugeai indispensable à mon installation.

De ce mobilier, je ne voulais garder que le nécessaire ; le reste, qui formait la plus grande part, devait être expédié à ma femme à Dresde. J’avais averti Minna ; mais dans sa crainte qu’en déballant les meubles ainsi au hasard, il n’y eût quelque chose de perdu ou de détérioré, elle arriva un beau matin, au moment où, après huit