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LA FAMILLE STANDHARTNER

l’espoir de voir représenter mon opéra : à son avis il eût suffi que je consentisse au choix du ténor Walter. Malgré mon refus constant de me servir de ce pis aller, nous restâmes amis, et comme il était bon marcheur, nous faisions souvent ensemble des promenades aux environs de Vienne, moi, me laissant aller à mon enthousiasme, lui, toujours loyal et sérieux.

Pendant que cette affaire de Tristan traînait en longueur ainsi qu’un mal chronique, Standhartner et les siens étaient retournés en ville. C’était à la fin de septembre : il me fallut donc chercher un autre gîte, et je choisis l’hôtel de l’ « Impératrice Élisabeth ». Je n’en continuai pas moins mes amicales relations avec le médecin et sa famille. J’appris ainsi à connaître sa femme et leur fillette, ainsi que trois fils et une fille d’un premier mariage de Mme Standhartner. Dans ma nouvelle demeure, je regrettai les soins de l’aimable nièce Séraphine qui m’avait gâté tant par ses attentions que par son caractère affable et spirituel. À cause de sa taille mignonne et de ses cheveux toujours soigneusement bouclés « à l’enfant », je l’avais surnommée la « Poupée ». Dans ma triste chambre d’hôtel, il me fallait m’aider tout seul. De plus, les frais de mon séjour augmentaient de façon inquiétante. Je ne me rappelle pas avoir reçu à cette époque d’autre argent que vingt-cinq ou trente louis provenant des tantièmes de Tannhäuser, joué à Brunswick. En revanche, je reçus un envoi de Dresde : il m’était adressé par Minna et contenait quelques feuilles de la couronne argentée que ses amis lui avaient offerte pour le 24 novembre, jour de nos noces d’argent. Elle n’avait