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BAUMGARTNER, HAGENBUCH, KOLATSCHEK

de musique, donnant pour vivre autant de leçons qu’il le fallait. Il goûtait avec ardeur tout ce qui était beau, pourvu que ce ne fût pas trop élevé. Cœur fidèle et brave homme, Baumgartner respectait Sulzer sincèrement, mais éprouvait pour le cabaret une inclination si prononcée, que Sulzer lui-même ne parvenait pas à l’en corriger.

À ceux-là, deux autres amis s’étaient joints dès le début de mon séjour à Zurich : le second chancelier Hagenbuch, fort capable et digne d’estime, et un avocat nommé Bernard Spyri ; ce dernier était rédacteur à l’Eidgenössiche Zeitung. Il était très bon enfant, mais non d’une intelligence supérieure, et Sulzer ne le traitait pas toujours avec beaucoup de ménagements.

Alexandre Muller, que des infortunes domestiques, des maladies et son métier de professeur de musique absorbaient de plus en plus, disparut bientôt de notre milieu. Un autre musicien, Abt, ne m’attira guère, malgré sa composition vocale, les Hirondelles[1]. Il nous quitta d’ailleurs peu après mon arrivée pour aller s’établir à Brunswick ou il fit brillante carrière.

Grâce aux événements politiques d’alors, la société zurichoise s’était encore enrichie de toutes sortes d’éléments étrangers. Lorsque j’y étais revenu en janvier 1850, j’y avais déjà prouvé Adolphe Kolatschek, personnage qui ne manquait pas de manières, mais assez ennuyeux. Il se sentait la vocation de rédacteur et avait fondé une revue mensuelle allemande ouverte aux vaincus de la Révolution et destinée à poursuivre la lutte sur

  1. Devenue très populaire en Suisse.