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EXERCICES D’ÉQUITATION

lorsque j’irais en Allemagne, de ne pas manquer de remercier personnellement la princesse régente de son intercession : le roi de Saxe lui-même semblait le désirer.

Mais avant de réaliser mon projet, j’eus à me débattre dans les grandes difficultés que me causaient mes traductions de Tannhäuser. Ces ennuis me rendirent malade et je fus repris de mes anciennes douleurs du bas-ventre. On m’ordonna des promenades à cheval. Un jeune homme fort aimable, le peintre Czermak, que m’avait amené Mlle de Meysenbug, m’offrit son aide et sa compagnie pour mes exercices d’équitation. Je pris un abonnement dans un manège et un beau matin, on nous amena, à moi et à mon compagnon, les deux bêtes les plus sûres et les plus pacifiques de l’écurie. Nous risquâmes donc avec grande prudence un tour au bois de Boulogne. Nous avions choisi une heure matinale afin de ne pas rencontrer les élégants cavaliers du grand monde.

Moi qui avais compté sur l’expérience de Czermak, je fus très étonné de me trouver plus expert que lui dans l’art de l’équitation et surtout d’être plus courageux. Je supportais vaillamment le trot fort dur de ma monture, tandis que le peintre pestait et jurait qu’on ne l’y prendrait plus.

Plein de témérité, je résolus de faire tout seul ma promenade, le lendemain. Le palefrenier qui m’avait amené le cheval me suivit des yeux jusqu’à la barrière de l’Étoile, inquiet sans doute de la façon dont je traverserais la place. Mais arrivé dans l’avenue de l’Impératrice, mon pommelé refusa d’avancer, se jeta de côté, recula, se cabra, jusqu’à ce qu’enfin je consentisse à faire volte-face. Heureu-