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INTERVENTION DE LA PRINCESSE DE PRUSSE

de Francfort : elle devait y faire une cure qui lui était vivement recommandée. Quand elle partit au commencement de juillet, je lui promis d’aller la retrouver à la fin de son séjour, car j’avais l’intention de faire dans les pays rhénans le voyage que je pouvais enfin me permettre.

C’est qu’à cette époque un revirement favorable avait eu lieu dans mes rapports avec le roi de Saxe qui pour des « raisons juridiques » avait refusé avec obstination de m’accorder une amnistie. Les ambassadeurs des autres États d’Allemagne, en particulier ceux de Prusse et d’Autriche, me témoignant un intérêt de plus en plus vif, M. de Seebach, envoyé de Saxe et mari d’une cousine de ma généreuse amie Mme Kalergis, ne put supporter plus longtemps d’être constamment interpellé par ses collègues sur ma scabreuse situation de réfugié politique. Il intercéda donc pour moi auprès de son souverain. La princesse régente de Prusse intervint sans doute aussi par l’intermédiaire du comte de Pourtalès. On me rapporta qu’à Baden, lors d’une entrevue des princes allemands et de l’empereur Louis-Napoléon, elle avait adressé au roi de Saxe une parole de grand poids en ma faveur. De ridicules inquiétudes, dont M. de Seebach avait dû m’informer, ayant été dissipées, celui-ci put m’annoncer enfin que le roi Jean, s’il ne m’amnistiait pas et ne me permettait pas de rentrer en Saxe, m’autorisait du moins à séjourner dans les autres pays de la Confédération allemande, pourvu que ce fût dans un but artistique et que les gouvernements de ces pays fussent d’accord. M. de Seebach me conseilla,