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MES AFFAIRES D’ÉDITION À DRESDE

m’avait toujours servis avec régularité : je l’avais fait volontairement à cause des revirements survenus dans la fortune de mes amis. Les honoraires de mes opéras, obtenus avec tant de peine, étaient près de s’épuiser. Tristan achevé, je devais nécessairement songer à faire accepter mes Niebelungen. Je crus donc pouvoir me baser sur l’intérêt que le grand-duc de Weimar m’avait témoigné personnellement, l’année précédente, pour lui demander son aide pécuniaire. J’écrivis à Liszt et réitérai ma prière : il devait sérieusement proposer au grand-duc d’acheter les Niebelungen, de façon à devenir propriétaire de la publication future et à en toucher lui-même les bénéfices éventuels. À ma lettre, je joignis la correspondance que j’avais eue avec Haertel à ce sujet : je pensais qu’elle pourrait servir de base à la transaction. Mais Liszt me répondit en circonlocutions gênées que Son Altesse Royale ne paraissait pas goûter l’arrangement. Je me le tins pour dit.

D’un autre côté, les circonstances me forçaient à en finir une bonne fois avec la malheureuse entreprise d’édition de mes trois opéras, chez Meser à Dresde : mon principal créancier, l’acteur Kriete, voulait rentrer dans ses fonds et me persécutait de ses plaintes. Un avocat de Dresde, nommé Schmidt, s’offrit à régler les choses et après une interminable et irritante correspondance, on convint que le successeur du défunt Meser, un certain H. Muller, deviendrait propriétaire de toute la publication. Dans cette affaire je n’entendis parler que des frais et des débours sans nombre que mon ancien commissionnaire avait faits pour mon compte. Il me