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BLANDINE. — Mme HÉROLD

tiques. Il n’avait plus de foi que dans la république qui, après-la chute imminente de la puissance napoléonienne, se rétablirait d’une façon durable. Lui et ses amis ne songeaient pas à provoquer de révolution ; toutefois, lorsque celle-ci serait nécessairement arrivée, ils entendaient empêcher la république de retomber entre les mains des intrigants. Ollivier poussait ses principes jusqu’aux dernières conséquences du socialisme ; il connaissait et respectait Proudhon, mais non sa politique. Rien, disait-il, ne peut être fondé définitivement si ce n’est par l’initiative d’une organisation politique. Pour réaliser le rêve le plus hardi de l’aisance publique répartie équitablement entre tous, il suffit de suivre la simple voie législative. Déjà on avait introduit ainsi, pour raison d’utilité publique, des réformes importantes dans l’abus du droit privé. À ce sujet, je constatai avec une grande satisfaction les progrès que j’avais faits dans le développement de mon caractère : il m’était maintenant possible d’assister et de me mêler à de telles discussions sans m’emporter comme autrefois.

En cela, Blandine eut sur moi une influence excellente par sa douceur, sa gaieté, son laisser aller spirituel et sa vive aperception. Nous nous comprenions à l’œil. La plus simple remarque suffisait pour que nous nous entendions sur les choses et les personnes.

Le dimanche qui suivit, mes amis me causèrent le plaisir de me procurer une place à un concert du Conservatoire. Jusqu’alors je n’avais assisté qu’à des répétitions. Je me trouvai dans la loge de la veuve du compositeur Hérold, femme très sympathique qui, sur-le-