Page:Wagner - Ma vie, vol. 3, 1850-1864.pdf/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

179
ÉMILE OLLIVIER

par économie, j’étais descendu d’abord. Ma première idée avait été de prendre quartier dans un hôtel de la rue Le Peletier que je connaissais d’autrefois ; mais c’était précisément de cet hôtel que s’était accompli l’attentat et c’est là qu’on avait recherché et arrêté l’auteur principal du complot. Que c’eût été singulier si j’étais arrivé à Paris deux jours plus tôt et que j’eusse logé dans cette maison !…

Après cette délibération avec le démon de ma destinée, je me rendis chez les Ollivier. Je ne devais pas tarder à trouver en Émile Ollivier un ami sympathique et actif qui prit tout de suite en main l’affaire pour laquelle, en apparence, j’étais venu à Paris. Il me conduisit un jour chez un notaire de sa connaissance, son obligé à ce qu’il me parut. On rédigea une procuration en règle, bien pourvue de clauses énergiques, par laquelle je donnais pleins pouvoirs à Émile Ollivier pour sauvegarder mes droits d’auteur envers et contre tous. Bien que tout cela se fît sur papier timbré et fût dûment scellé, on ne me réclama aucun émolument, de sorte que, me sentant tout à fait rassuré, je m’en remis avec plaisir à la protection de mon nouvel ami.

À ses côtés, je me promenai dans la salle des pas perdus du Palais de Justice ; il me présenta aux plus célèbres avocats du monde, qui déambulaient par là en toque et en robe et bientôt j’étais assez familiarisé pour expliquer le sujet de Tannhäuser à ceux qui s’étaient réunis en cercle autour de moi. Tout cela était fort de mon goût. Mais je n’étais pas moins satisfait de pouvoir converser avec Ollivier sur sa situation et ses opinions poli-