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LE VENDREDI SAINT ET « TRISTAN » AVRIL (1857)

conciliante missive de Mme Julie Ritter, qui effaçait notre mésentente à propos de son fils. Puis ce fut le beau temps printanier. Le Vendredi Saint, je me réveillai par un brillant soleil qui se montrait pour la première fois depuis que nous habitions cette maison ; notre jardinet verdissait, les oiseaux chantaient ; enfin, je pouvais m’asseoir sur notre balcon et jouir du calme tant désiré. Pénétré de joie, je me souvins tout à coup que c’était Vendredi Saint et me rappelai qu’une fois déjà j’avais été frappé d’un avertissement solennel semblable dans le Parcifal de Wolfram. Depuis mon séjour à Marienbad, où j’avais conçu les Maîtres chanteurs et Lohengrin, je ne m’étais plus occupé de ce poème, mais aujourd’hui l’idéalisme de son sujet me dominait. Partant de l’idée du Vendredi Saint, je construisis rapidement tout un drame en trois actes et l’esquissai sur-le-champ en quelques traits.

Au milieu de l’arrangement de ma maison, qui n’était toujours pas terminé et auquel je m’adonnais avec ardeur, je me sentis poussé à reprendre Siegfried et j’en commençai le deuxième acte. Indécis sur le nom à donner à mon nouvel asile et l’introduction de cet acte me réussissant fort bien, il me vint à l’esprit de choisir quelque chose en rapport avec mon travail et j’éclatai de rire en me disant que Repos de Fafner serait un nom fort approprié. Mais cela n’allait vraiment pas et mon chalet s’appela tout simplement 1’ « Asile » ; je le désignai ainsi dans la date que je mis à ma page de musique composée.

Mais mon espoir d’obtenir l’aide du grand-duc de Weimar ayant été déçu, j’étais d’une mauvaise humeur