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ANIMOSITÉ DU CRITIQUE DAVISON

profane. Pour les chœurs de la symphonie, il me fallut avoir recours au personnel de l’Opéra italien et, pour le grand récitatif, me contenter d’un baryton qui, à la répétition, me mit au désespoir par son flegme anglais stylé à l’italienne. Dans les textes traduits en anglais, je ne compris que Hail thee joye pour « joie, éclair divin ». La Société philharmonique avait tout fait pour assurer le succès de ce concert qui ne laissa rien à désirer en soi. On fut d’autant plus effrayé de la critique aussi méprisante que furibonde du collaborateur du Times. On s’adressa à Praeger pour qu’il m’amenât à faire quelques avances à M. Davison, ou tout au moins à accepter de paraître à un banquet que devait organiser M. Anderson et où je pourrais me présenter aimablement au critique. Mais Praeger me connaissait assez déjà pour ne laisser à ces messieurs aucun espoir d’obtenir de moi une concession quelconque. Le banquet n’eut donc pas lieu et je vis bien que la Société regrettait sincèrement d’avoir engagé une mauvaise tête comme moi pour diriger ses concerts.

Les vacances de Pâques amenant une longue relâche après le deuxième concert, et moi, ayant reconnu la folie et l’infructuosité de cette entreprise de la Société philharmonique, je consultai mes amis pour leur demander s’ils ne trouvaient pas plus raisonnable que je renonçasse à Londres en retournant le plus vite possible à Zurich. Praeger m’assura alors que mon départ ne serait nullement considéré comme une condamnation de la situation, mais simplement comme une absurde impolitesse dont mes amis supporteraient toutes les consé-