Page:Wagner - Ma vie, vol. 3, 1850-1864.pdf/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

110
MÉCONTENTEMENT DE M. COSTA

moi. Quand, avant le début de la saison, et pour des motifs restés obscurs, le puissant M. Costa, brouillé avec la Société philharmonique, avait déclaré ne plus vouloir diriger les concerts, M. Anderson, le « treasurer », était, dans son embarras, venu demander conseil à Sainton. Et c’est celui-ci qui, se fiant à la bonne opinion que Luders avait de moi, conseilla à M. Anderson de m’engager. On ne fut, paraît-il, pas tout de suite d’accord ; mais Sainton ayant prétendu, au petit bonheur, m’avoir vu diriger à Dresde, le « treasurer », paré d’une belle pelisse empruntée à Sainton, se décida à ce voyage de Zurich dont le résultat était ma présence à Londres. Seulement j’appris aussi que Sainton avait agi avec l’imprévoyance propre au caractère de sa nation, car Costa, en faisant sa déclaration à la Société philharmonique, avait pensé qu’on ne la prendrait pas au sérieux ; ma nomination lui était donc fort désagréable. Chef de l’orchestre même qui était mis à ma disposition pour les concerts philharmoniques, il ne cessa d’user de son influence dans un sens hostile aux entreprises que je dirigeais, et mon ami Sainton eut à pâtir de cette inimitié sans qu’il comprît pourquoi.

Cette situation alla s’aggravant sans cesse. Mais j’avais à lutter contre bien d’autres éléments encore qui m’occasionnaient des tracas. Tout d’abord, ce fut l’aversion déclarée de M. Davison, critique musical du Times. Cet homme-là fut le premier à me faire sentir positivement et clairement les suites de mon ancien article sur le Judaïsme dans la musique. À ce que me raconta en outre Praeger, ce Davison était, par l’omnipotence que lui