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MES APPELS AU PEUPLE

rouge et or (anciennes couleurs de l’Empire germanique).

Ayant mis la derniere main à mon Lohengrin, j’eus le loisir de tourner les yeux sur la marche des événements et je ne pus rester indifférent à l’ébullition qu’avait provoquée l’idée de l’unité allemande et les espoirs qui s’y rattachaient. Mon jugement politique s’était suffisamment formé, spécialement au contact de mon ami Hermann Franck, pour ne pas attendre grand’chose d’efficace du nouveau parlement ; néanmoins, je subissais l’influence inévitable de l’opinion générale qui croyait à l’impossibilité d’une réaction. Mais au lieu de paroles, je voulais des actions, et des actions par lesquelles nos princes rompraient définitivement avec leurs tendances si nuisibles à l’intérêt public. Cet état d’esprit m’enthousiasma au point que j’adressai aux princes et aux peuples allemands un appel poétique populaire, les conviant à la guerre contre la Russie, car c’était de là qu’était venu le malheureux mouvement autocratique qui avait aliéné l’affection des peuples à leurs souverains. Voici une des strophes de cet appel :

C’est la lutte avec le Slave
Qui reprend aujourd’hui.
Peuple, seras-tu son esclave ?
Non ! ton glaive a relui !

N’ayant aucune relation avec un journal politique et ayant appris par hasard qu’Auerbach se trouvait à Mannheim où on l’avait vu à la tête d’un mouvement révolutionnaire, je lui envoyai ma poésie en le priant d’en faire ce que bon lui semblerait. Il ne m’a jamais répondu.