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REPRÉSENTATION D’« IPHIGÉNIE » (1847)

induire en erreur par les enrichissements d’instrumentation fort grossiers que je trouvai dans cette partition je fis venir celle de Paris et corrigeai à fond la traduction en ne me laissant guider que par la justesse de la déclamation. Je m’intéressai à tel point à ce travail que je me mis à remanier aussi la partition. Je tâchai de faire concorder autant que possible le poème avec la pièce d’Euripide en écartant tout ce qui, dans le goût français, avait fait de la liaison d’Achille et d’Iphigénie une amourette doucereuse s’achevant par l’inévitable mariage ; je changeai même ce dénouement du tout au tout. M’efforçant aussi de relier entre eux par des préludes et des raccords les airs et les chœurs qui se suivent généralement sans transition, j’y employai des motifs de Gluck même, afin que l’intervention du musicien étranger se fît sentir le moins possible. Au troisième acte je me vis cependant contraint d’ajouter des récitatifs de ma composition pour Iphigénie et pour le personnage d’Artémis que j’avais introduit dans la pièce. Tout en conservant le souci de bien mettre en valeur la musique de Gluck, je refis presque toute l’instrumentation. Je ne vins à bout de ce long travail que vers la fin de l’année et il me fallut laisser à l’année nouvelle l’achèvement du troisième acte de Lohengrin, que j’avais commencé.

Le début de 1847 fut donc absorbé par la représentation d’Iphigénie pour laquelle, au surplus, j’eus à remplir le rôle de régisseur, car le décorateur et même les machinistes réclamaient constamment mon aide. L’effet théâtral et l’ensemble de l’œuvre étaient si maigres et si maladroits que pour arriver à un mouvement dramatique, je