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HÜBNER ET BENDEMANN

de Beethoven, car elle lui avait toujours été gâtée à Leipzig par le mouvement que Mendelssohn donnait à la première partie. Au demeurant, la société de Robert Schumann n’eut guère d’influence sur moi, et son caractère était trop renfermé pour qu’il subît mes impulsions. La conception de son poème de Geneviève m’en fournit la preuve. Mon exemple n’avait agi qu’extérieurement sur lui et ne l’avait poussé qu’à écrire lui-même un libretto d’opéra.

Il m’invita une fois à en venir écouter la lecture. Il l’avait composé d’après Hebbel et Tieck, mais lorsque, entraîné par le désir cordial de voir réussir son œuvre, je le rendis attentif aux fautes grossières qu’elle renfermait, je reconnus la nature de cet homme singulier. Il ne voulait de moi que mon admiration et repoussait avec susceptibilité toute immixtion dans l’ouvrage qui l’enthousiasmait. Nous en restâmes donc là.

Par son activité et son empressement, Hiller avait réussi à maintenir nos petites réunions artistiques. L’hiver suivant, elles s’agrandirent : nous formâmes une sorte de société particulière qui se réunissait familièrement chaque semaine dans une salle réservée du restaurant Engel, place de la Poste.

Le célèbre J. Schnorr, de Munich, venait d’être nommé conservateur des galeries de Dresde et nous l’avions fêté par un de nos banquets habituels. Auparavant déjà, j’avais eu l’occasion de voir ses énormes cartons et ils m’avaient produit une forte impression, tant par leurs dimensions que par les sujets de la vieille Allemagne qu’ils représentaient, sujets qui me tenaient fort à cœur en ce