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LE « FLIEGENDER HOLLAENDER » ACCEPTÉ À BERLIN

favorable que mon poème avait produite sur le directeur du Grand Opéra de Paris, je l’avais envoyé, pour commencer, à Leipzig, au directeur Ringelhardt, que je connaissais d’autrefois. Mais celui-ci, depuis l’affaire de mon Liebesverbot, avait une antipathie prononcée contre moi. Ne trouvant, cette fois, absolument rien à dire sur la frivolité de mon sujet, il s’attaqua à son caractère trop sombre et le refusa. Je l’expédiai alors au conseiller Küstner, intendant du Théâtre de la cour à Munich, que j’avais vu à Paris lorsqu’il était venu y commander la Reine de Chypre. Il me le renvoya aussi en m’assurant que le Fliegender Hollaender ne convenait ni aux conditions théâtrales allemandes, ni au goût du public. Apprenant qu’il faisait fabriquer à Paris un libretto français pour Munich, je compris ce que signifiait sa leçon.

La partition enfin terminée, je l’envoyai, en y joignant une lettre pour le comte de Redern, à Meyerbeer, qui se trouvait à Berlin et je priai celui-ci de mettre toute son influence en œuvre pour moi, puisque, malgré sa bonne volonté, il n’avait pu m’aider à Paris.

Je fus vraiment surpris et heureux de recevoir, deux mois après, une réponse du comte qui me faisait une bienveillante promesse, et je vis dans ce fait une preuve de la sympathie active et énergique de Meyerbeer à mon égard. Malheureusement, en arrivant en Allemagne peu de temps après, j’appris que le comte de Redern songeait depuis assez longtemps déjà à quitter l’intendance de l’Opéra berlinois et que M. Küstner, de Munich, allait le remplacer ; d’où il résultait que M. de Redern m’avait adressé de belles paroles, mais qui n’étaient pas sérieuses,