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« TANNHÆUSER ». — « LOHENGRIN »

matique. Ce qui fit pencher à présent la balance du côté du livre populaire, c’est qu’on y racontait, en passant, la part qu’avait prise Tannhœuser au « Tournoi poétique de la Wartbourg ».

Je connaissais aussi ce dernier récit par le conte d’Hoffmann, les Frères de Sérapion. Seulement, je sentais que le motif en avait été fortement altéré par le poète, et je m’efforçai de trouver des éclaircissements sur la trame véritable de cette attrayante légende. Lehrs m’apporta alors un numéro des Mémoires de la Société allemande de Königsberg, dans lequel Lukas parlait en détail du Wartburg Krieg et en donnait le texte dans la langue primitive. Je ne pouvais pas me servir, pour ainsi dire, de cette forme ancienne, mais elle me montra le moyen âge allemand sous un coloris caractéristique, dont je n’avais encore aucune idée.

Dans ce même volume, je trouvai de plus, comme suite au poème de la Wartburg, un article critique sur le récit de Lohengrin, avec tous les détails principaux de cette longue épopée.

Un monde nouveau venait de s’ouvrir à moi et, sans avoir trouvé encore la forme que je voulais donner à mon Lohengrin, je conservai de celui-ci une image ineffaçable, de telle sorte que, plus tard, en apprenant à connaître les diverses ramifications de cette légende, l’image première se ranima en mon esprit, ainsi que c’était le cas pour Tannhœuser.

Ces impressions augmentèrent vivement mon désir de retourner en Allemagne et de pouvoir m’adonner tranquillement à un travail créateur dans la patrie que j’avais à reconquérir.