Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

333
ARTICLES SUR PARIS DANS L’« EUROPE »

le sapin (une œuvre que je reconnais volontiers comme mienne aujourd’hui encore), et l’autre ma fameuse chanson de carnaval du Liebesverbot. Lorsqu’il me vint à l’idée de présenter au public, par la même voie, mes petites compositions françaises et que j’envoyai à Lewaid Dors, mon enfant, l’Attente, de Hugo, et Mignonne, de Ronsard, il me fit non seulement parvenir de modestes honoraires (les premiers que j’eusse reçus pour une composition), mais il me demanda encore de lui fournir d’assez longs articles amusants, dans lesquels je communiquerais à ses lecteurs mes impressions sur Paris.

C’est ainsi que j’écrivis pour son journal Divertissements parisiens et Fatalités parisiennes, ou, imitant de nouveau la manière de Heine, je racontai avec humour mes déceptions à Paris et le mépris que m’inspirait le genre de cette ville.

Pour ce second article, je me servis des aventures d’un certain Hermann Pfau, singulier vaurien avec lequel je m’étais lié plus que de raison pendant la pire période de ma jeunesse à Leipzig. Depuis le commencement de l’hiver passé, il vagabondait a Paris et se trouvait en si misérable état que bien souvent j’avais eu pitié de lui aux dépens des maigres revenus que me valait la Favorite. Il n’était donc que juste de raconter ses vicissitudes parisiennes dans le journal de Lewald et de rattraper quelques francs par ce moyen. Mon travail littéraire prit cependant une autre tournure par suite des pourparlers que j’avais engagés avec le directeur du Grand Opéra, M. Léon Pillet. Non sans peine, j’étais parvenu à savoir que mon esquisse du Fliegender Hollaender