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L’OUVERTURE DE « CHRISTOPHE COLOMB »

par la rédaction de la Gazette musicale. Je me rendais fort bien compte qu’aucune des œuvres que j’avais en réserve ne serait à sa place à ce concert et ne produirait d’effet favorable. Je ne me sentais pas assez sûr de mon ouverture de Faust, car il me semblait que la délicatesse de son finale ne pourrait être appréciée que par un public qui me connaissait déjà. Sachant de plus que je n’aurais à ma disposition qu’un orchestre de second ordre (celui de Valentino, du Casino de la rue Saint-Honoré), et qu’il n’y aurait qu’une seule répétition, je crus que je n’avais qu’à renoncer à me faire entendre ou bien à offrir encore mon œuvre de jeunesse, l’ouverture de Christophe Colomb. Je me décidai à prendre ce dernier parti.

Lorsque j’allai chercher les cahiers contenant les parties d’instrument chez Habeneck, où ils se trouvaient encore, celui-ci me dit sèchement, mais dans une bonne intention, qu’il me déconseillait de me produire devant le public parisien avec cette ouverture, car elle était trop vague.

La grande difficulté était de se procurer les six trompettes ; cet instrument, que les Allemands jouent avec tant de virtuosité, est rarement bien tenu dans les concerts parisiens. Le correcteur de mes Suites pour cornet à piston, M. Schütz, vint à mon aide. Il me fallut réduire à quatre le nombre des trompettes ; encore sur ces quatre il n’y en avait que deux dont le jeu fût sûr. À la répétition je me trouvai fort découragé par l’exécution de mon « effet » principal. Pas une seule fois les trompettes n’exécutèrent sans détonner les passages élevés et doux.