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MEYERBEER À PARIS

sur l’arrangement que le général russe Lwoff avait fait du Stabat mater de Pergolèse ; je m’en acquittai en allongeant ma prose (dans un but pratique) autant que pos sible. Puis, de mon propre mouvement, j’écrivis encore sur un ton familier une boutade ayant pour titre : Du métier de virtuose et de l’indépendance du compositeur. Pendant cette période, je fus surpris par l’arrivée de Meyerbeer, qui venait passer quinze jours à Paris. Il se montra plein de sympathie et d’obligeance. Lorsque je lui fis part de mon projet d’écrire un ouvrage en un acte qui pût se jouer avant un ballet et que je le priai en même temps de me présenter au nouveau directeur du Grand Opéra, M. Léon Pillet, il ne vit pas d’inconvénient à m’emmener chez ce monsieur et à me recommander à lui. Mais, au cours de la conversation sérieuse que ces messieurs eurent à mon sujet, j’eus la désagréable surprise d’entendre Meyerbeer me donner le conseil de m’associer à un autre musicien pour composer un ballet. Je ne voulus naturellement pas en entendre parler, mais j’offris à M. Pillet le très court résumé du sujet de mon Vaisseau fantôme.

J’en étais là quand Meyerbeer quitta de nouveau Paris, et cette fois pour un temps assez long.

M. Pillet ne me donnant pas de ses nouvelles, je continuai à travailler assidûment à la composition de Rienzi, mais j’avais le souci rongeur de devoir souvent m’interrompre pour exécuter les travaux que me donnait Schlesinger et qui me faisaient vivre. Ma collaboration à la Gazette musicale me rapportant bien peu, il me chargea un jour d’écrire une méthode de cornet à piston.