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MES FRÈRES ET SŒURS

membres de la famille ; elle fut en même temps le principal soutien de notre mère, chargée de soucis et que je retrouvai dans le vaste et agréable appartement qu’avait encore installé mon beau-père. Quelques chambres superflues en avaient été sous-louées à des étrangers, et c’est ainsi qu’un jour Spohr devint notre locataire.

Grâce à l’activité de ma mère, à diverses circonstances heureuses et a la bienveillance de la cour, qui, en souvenir de mon beau-père, lui facilita bien des choses, notre famille put mener une existence supportable et mon éducation ne fut négligée en aucune façon. Ma troisième sœur, Clara, qui avait la voix exceptionnellement belle, s’étant décidée à suivre la trace de ses aînées, ma mère s’employa de toute son énergie à empêcher que le même penchant ne se développât en moi. Toujours elle s’était fait des reproches d’avoir laissé mon frère Albert monter sur les planches, et comme Jules, mon second frère, ne montrait d’autre part que les seules aptitudes nécessaires au métier d’orfèvre, elle avait résolu de réaliser le vœu de mon beau-père et de faire de moi quelqu’un.

Quand j’eus atteint l’âge de huit ans, on me mit à la « Kreuzschule », à Dresde : j’y devais faire mes humanités. Je commençai, aussi modestement que possible, mes études classiques, car j’étais le dernier élève de la dernière classe. Ma mère notait avec une grande sollicitude tous les signes de mon développement intellectuel et de mes aptitudes spéciales.

Demeuré une énigme pour tous ceux qui connais saient ma mère, son caractère offrait un singulier mé-