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HENRI LAUBE. — HENRI HEINE

facile de deviner besogneuse. La sienne n’était, il est vrai, pas des plus brillantes non plus. Aussi, au lieu d’aller voir nos parents, nous attendîmes qu’ils vinssent chez nous et cela dura un certain temps.

En revanche, nous fûmes bien réconfortés de revoir Henri Laube et sa femme, au début de 1840. Depuis notre dernière séparation, il avait, dans des circonstances assez extraordinaires, épousé Iduna Budaeus, la jeune veuve d’un médecin de Leipzig. Ils étaient venus faire un séjour d’agrément de quelques mois à Paris. Déjà, pendant la longue prison préventive de Laube, cette jeune femme, touchée par son sort, lui avait témoigné sans le connaître beaucoup d’intérêt et de sympathie. C’était à l’époque où je quittai Berlin. Le jugement de Laube fut prononcé peu de temps après : il fut condamné à la peine très clémente d’un an de prison. Il eut l’autorisation de purger sa condamnation à Muskau, en Silésie, ainsi qu’il le demandait. Là, il put profiter du voisinage de son ami le prince de Puckler, qui avait le directeur des prisons sous ses ordres. Le prince vint souvent consoler l’écrivain par sa société. Son amie s’était décidée à l’épouser juste avant qu’il entrât en prison, afin de pouvoir lui être d’un affectueux secours à Muskau même.

Ma joie fut grande de revoir mon ami en si favorable position ; elle le fut davantage encore de retrouver en lui la même cordiale sympathie pour tout ce qui me concernait. Nous nous vîmes très souvent, nos femmes aussi se lièrent d’amitié et Laube fut le premier qui traitât ma folle escapade de Paris avec l’humour voulue.

J’appris à connaître Henri Heine chez Laube ; l’un et