Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

298
ROBBER DISPARAÎT

Nous ne reçûmes jamais de nouvelles de Mœller. Plus tard, quand j’étais chef d’orchestre à Dresde, il vint me voir une fois et m’avoua qu’après notre séparation il avait été extrêmement affecté et blessé des propos qu’on lui avait rapportés venant de nous et par lesquels nous aurions parlé de lui de façon offensante et humiliante. C’est pourquoi il avait cru devoir rompre toute relation amicale. Comme nous avions la conscience très nette, nous comprîmes que nous avions été calomniés et privés ainsi de l’aide assurée que nous attendions dans notre pénurie.

C’est au moment où la détresse commençait à nous étreindre ainsi, qu’un événement vint nous frapper comme un présage de malheur. Le chien que nous avions amené à Paris avec tant de peines, notre beau Robber, qui était certainement un animal de valeur et qui excitait partout l’admiration, disparut tout à coup, volé selon toute apparence. Dans l’animation des rues de Paris, il avait, comme à Londres, fait preuve de l’instinct le plus’sûr et toujours il retrouvait son chemin. Dès les premiers jours, il s’était faufilé tout seul dans le jardin du Palais-Royal où il savait retrouver une nombreuse compagnie de chiens. Il y faisait le bonheur des gamins par son adresse à rapporter ce qu’on lui jetait dans l’eau du bassin. Lorsque nous passions avec lui sur le quai du Pont-Neuf, il nous demandait d’ordinaire la permission de se baigner et il ne tardait pas à attirer une foule de badauds qui accueillaient avec des cris de joie les plongeons qu’il exécutait à la recherche des ustensiles ou autres objets submergés, si bien que la police nous pria de faire cesser cette occa-